Puissant, riche et véritable bourreau des cœurs, l’homme d’affaires américain Howard Hughes est également la personnalité la plus célèbre atteinte du syndrome de Diogène. Tour à tour aviateur, constructeur aéronautique, producteur de films à succès et enfin businessman, le milliardaire vécut ses dernières années totalement reclus, amaigri et méconnaissable. Celui dont la vie sera retracée dans le film « Aviator » de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio pour interpréter son rôle, aura connu une vie hors norme, absolument abracadabrantesque.
Une personnalité unique et forte, mais en souffrance
Howard Hughes, de son nom complet Howard Robard Hughes, est né le 24 décembre 1905 à Houston au Texas (Etats-Unis). Son père n’est jamais présent, littéralement accaparé par ses affaires. Sa mère est décrite comme particulièrement possessive, envahissante et maniaque de l’hygiène. Elle présente par ailleurs de nombreuses phobies, ce qui explique vraisemblablement la peur irrationnelle et déraisonné que Howard Hughes développe envers les microbes dès le plus jeune âge. A l’école, il est souvent isolé de ses petits camarades car il n’a pas les mêmes préoccupations que les enfants de son âge.
En 1922, sa mère décède. Deux ans plus tard, c’est son père qui disparaît. Le jeune homme seulement âgé de 18 ans se retrouve alors à la tête de l’entreprise familiale, la Hughes Tool Company. Il arrête alors ses études et décide de se consacrer au septième art. Certains de ses films connaîtront ainsi un succès toujours teinté de controverse, à l’image de Hell’s angels en 1927 dont le tournage s’éternise en raison de la multiplication obsessionnelle des prises voulues par le producteur. Le brevet de pilote fraîchement en poche, il exécute lui-même une cascade que même les professionnels refusent de réaliser car bien trop dangereuse. En 1932, la violence de « Scarface » lui vaudra bien des critiques et censures. Véritable homme à femmes, il collectionne les aventures avec les vedettes de l’époque comme Ava Gardner ou Elizabeth Taylor.
Considéré comme excentrique, il se consacre alors à son autre marotte, l’aviation. Il établit deux records dont un tour du monde en 3 jours, 19 heures et 17 minutes. A l’occasion de cet exploit, il passe au-dessus de l’Allemagne nazie d’Hitler pourtant interdite de survol. Il collectionne les succès, améliorant les performances de ses avions ou rachetant la TWA, l’une des quatre plus grosses compagnies américaines.
Le 7 juillet 1946, un accident survient alors qu’il est aux commandes de l’un de ses prototypes. Les traumatismes du squelette et du système nerveux en découlant le feront souffrir jusqu’à son dernier souffle.
Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, il se concentre sur son activité d’hommes d’affaires, notamment avec la Hughes Tool Company’s Aircraft Division, grâce à laquelle il va s’imposer comme un important constructeur d’hélicoptères civils et militaires.
Au début des années 1950, Howard Hughes apparaît de plus en plus rongé par sa phobie des microbes. Petit à petit, il s’isole, seulement approché par un groupe de Mormons en qui il a toute confiance. En 1966, il s’installe à Las Vegas, au Desert Inn qu’il a racheté. Il vit littéralement en ermite, sans se laver et sans prendre soin de lui (certains des facteurs d’identification du syndrome de Diogène). Plus aucune photo de lui ne sera jamais prise.
Après avoir un temps mené ses affaires uniquement par téléphone et telex, il finit par ne plus s’en occuper. Seule une interview vocale en 1972 permet de savoir qu’il est toujours en vie. Dévasté par la consommation massive de différentes drogues, il décède en 1976, totalement cachectique et tellement méconnaissable que sa dépouille est identifiée grâce à ses seules empreintes digitales.
Howard Hughes, triste illustration de ce syndrome
Si Howard Hughes a marqué son époque, cette célébrité est également souvent citée pour illustrer ce qu’est le syndrome de Diogène. En effet, cet homme est l’illustration même de ce trouble du comportement :
- une carence affective dans le plus jeune âge, notamment en raison de l’absence de son père ;
- une personnalité unique et forte, une intelligence au-dessus de la moyenne ;
- une obsession à vouloir compenser en amassant. Dans le cas de Howard Hughes, il ne s’agit pas d’entasser des objets, mais de collectionner les relations amoureuses pour combler le manque affectif ;
- une relation aux autres compliquée, et ce, depuis son enfance ;
- une phobie grandissante, ici envers les microbes ;
- une négligence extrême de l’hygiène corporelle et domestique à partir des années 1965 allant à l’encontre même de sa phobie ;
- une vie allant jusqu’à proscrire tout contact avec les autres (misanthropie).