Syndrome de Noé : quand le collectionnisme d’animaux devient pathologique

Le syndrome de Noé  ou animal hoarding est un trouble mental qui se manifeste par l’accumulation compulsive d’animaux alors même que la personne est dans l’incapacité de bien les nourrir, les loger convenablement et veiller à leur hygiène et à leur bien-être. Si vous faites bien attention, peut-être qu’il y a quelqu’un dans votre voisinage qui est concerné. 

Il suffit de voir lequel de votre entourage possède des dizaines de chats, de chiens, d’oiseaux ou d’autres animaux domestiques de compagnie. Quelques fois, il peut s’agir d’animaux exotiques comme des serpents.  Les causes du syndrome de Noé sont diverses et la plupart des personnes qui en souffrent tombent dans le déni et semblent ignorer qu’il s’agit en réalité d’un trouble psychique pour lequel ils auraient besoin d’aide.

Mieux comprendre le syndrome de Noé

Le syndrome de Noé est classé parmi les troubles du comportement, tout comme le syndrome de Diogène. Cette maladie amène les gens à vouloir accumuler trop d’animaux et leur venir en aide. Très souvent, ces personnes ne sont plus tout à fait conscientes de la réalité de leur situation. Elles vont alors adopter plusieurs animaux qu’elles ne pourront plus s’en occuper de façon idéale.

Ce sont des personnes que les odeurs liées à la présence des animaux et à leur manque d’hygiène ne dérangent pas. Elles sont alors coupées de la réalité et entrent souvent en conflit avec leur entourage qui, probablement, n’arrive plus à supporter tous ces animaux.

Comment reconnaître une personne atteinte du syndrome de Noé ?

Au début, les manifestations du syndrome de Noé sont insidieuses. Vous penserez tout d’abord qu’il s’agit juste d’un amour profond pour la cause des animaux et que la personne ne veut que leur bien. Avec le temps, cette personne va commencer à trop exagérer dans l’adoption et la garde des animaux. 

Un amour pour les chats ou les serpents, aussi grand qu’il soit, ne pourrait justifier qu’on en possède 60 dans un appartement de 40m2. Certaines personnes ont même plus d’une centaine. 

Ainsi, même si ce n’est pas une règle générale, les études ont montré que le syndrome de Noé touche un peu plus souvent certaines catégories :

  • Les femmes
  • Les personnes qui vivent seules
  • Les personnes âgées

Même s’il y a une prédominance chez les femmes, les hommes eux aussi ne sont pas à l’abri d’un tel mal. L’isolement, une vie sociale peu conventionnelle et parfois le rejet des autres sont les principales causes de ce syndrome. Malheureusement, ils n’en sont pas souvent conscients pour demander de l’aide.

Quelles en sont les causes ?

Les causes du syndrome de Noé sont diverses et variées. Souvent, les personnes qui sont atteintes le sont à la suite d’un traumatisme. Cela peut être la perte d’un parent proche (un conjoint, un enfant, un parent) ou un divorce par exemple. 

La détresse psychologique qui en résulte pousse les individus à l’isolement et ils commencent à accumuler les animaux pour essayer de combler le vide. Des cas d’animal hoarding ont également été observés chez des personnes suite à un licenciement. Généralement chez ces personnes, le mal intervient parce qu’ils cherchent à :

  • Combler un manque affectif
  • Réparer un traumatisme
  • Se dévouer aux animaux.

Certains employés de refuge pour animaux éprouvent également le besoin incontrôlé de “sauver” les animaux. Ils commencent alors à en adopter et finissent par tomber dans l’excès. Il peut s’agir de personnes qui ont vécu des traumatismes liés aux animaux dans leur enfance et qui transfèrent le mal dans leur vie d’adulte. 

Ils cherchent alors à protéger les animaux, toujours plus d’animaux… Ces pathologies délirantes finissent par causer un oubli de la réalité et de ce qu’il faut réellement pour le bien-être des animaux en question.

Les conséquences d’une telle accumulation d’animaux sur la vie du malade

En raison de la promiscuité avec les animaux, l’environnement de vie peut se dégrader complètement. Des odeurs d’urines et de matières fécales des animaux peuvent emplir la maison la rendant invivable pour le propriétaire. La plupart du temps, la personne peut développer des problèmes de santé comme les infections, les allergies respiratoires ou se faire infecter par des parasites responsables de zoonoses.

Moins grave que les zoonoses, la personne peut souffrir également d’endettement ou d’appauvrissement parce qu’elle est obligée de s’occuper de dizaines d’animaux. Le syndrome a inévitablement un gros impact sur la vie sociale du concerné. Souvent ce sont des gens qui s’enferment et ont des relations exécrables avec leurs voisins, ce qui accentue leur isolement. Des fois, les conséquences peuvent aller jusqu’à l’expulsion du malade de son logement.

Les conséquences sur les animaux

accumulation de chiens dans un appartement d'animal hoarder
accumulation de chiens dans l’appartement d’un animal hoarder – source de l’image : eucalyptuseater.wordpress.com

La surpopulation des animaux entraîne une promiscuité et un manque d’espace vital pour le bien-être des animaux qui peuvent alors présenter des signes de perturbations physiques et psychologiques.

Logiquement, les animaux manquent de nourriture consistante et de soins vétérinaires adéquats puisqu’ils sont trop nombreux pour que le propriétaire puisse s’en occuper correctement. Ils feront leurs besoins un peu partout dans la résidence et dormiront comme et où ils peuvent, rendant insalubre le cadre. C’est la porte ouverte à toutes sortes de maladies. Ce ne sont plus des animaux de compagnie, mais des animaux en situation de maltraitance, même si le propriétaire pense les avoir sauvés en les gardant.

Existe-il des mesures de traitement efficaces ?

Les organisations de défense des droits des animaux préconisent la sensibilisation comme premier moyen de prévention. Si les gens sont conscients des besoins des animaux pour leur bien-être, ils ne les emprisonneraient pas chez eux.

Des thérapies cognitives et comportementales peuvent être essayées pour traiter la personne atteinte. Pour un médecin spécialiste de ces questions de troubles du comportement, il faut “essayer de faire prendre conscience au patient du caractère pathologique de sa démarche : même si la volonté est de sauver l’animal, l’effet inverse se produit”.

Le syndrome de Noé est une pathologie, une maladie à part entière, certes peu conventionnelle mais réelle. Il peut aussi s’agir de la manifestation d’un trouble comportemental plus complexe comme le syndrome de Diogène pour lequel il n’existe pas vraiment de traitements standards. Si vous parvenez à amener la personne atteinte à se concentrer sur les processus de pensées en essayant de confronter celles qui sont non adaptées à la réalité, vous pourrez efficacement l’aider à guérir. Elle se rendra compte que même si son objectif est de sauver les animaux, c’est plutôt leur mal être et leur mort qu’elle obtient.

La durée du traitement peut varier selon le patient et le temps qu’il a déjà fait dans sa situation pathologique.

Comment venir en aide à la personne et aux animaux ?

Si vous connaissez une personne qui souffre du syndrome de Noé, vous vous devez d’intervenir pour non seulement lui venir en aide mais également aux animaux qui se retrouvent en quelque sorte en captivité.

Vous pouvez informer la municipalité qui prendra des dispositions pour soit, saisir les animaux, soit aider le propriétaire à en prendre soin. Toutefois, dans le cas où la présence des nombreux animaux importune le voisinage, la municipalité n’aura d’autre choix que de prendre ses responsabilités. 

En cas de saisie des animaux, le propriétaire aura tout de même le droit d’en garder quelques-uns pour ne pas se retrouver du jour au lendemain seul, et ainsi courir des risques de dépression.

Vous pouvez également vous rapprocher des associations qui œuvrent pour la protection des animaux qui se dépêchent sur les lieux pour venir en aide à la personne. Ils pourront alors stériliser les animaux pour empêcher qu’ils se multiplient ou encore les retirer pour leur apporter des soins vétérinaires. Les animaux bien portants pourront être proposés en adoption à d’autres personnes qui s’en occupent mieux. Dans de nombreux cas, le lieu d’habitation devra également est nettoyé afin d’éviter la propagation de maladies.